Le Conseil fédéral dit non à l'initiative sur l'alimentation

Le gouvernement estime que les objectifs de l'initiative ne pourraient être atteints qu'avec "des aides substantielles" et que les délais fixés ne sont pas réalistes.

L'initiative veut réduire la consommation de viande et augmenter la production végétale destinée à l’alimentation humaine (image d'illustration). © KEYSTONE/ENNIO LEANZA

L'initiative "Pour une alimentation sûre - grâce au renforcement de la production indigène durable, à davantage de denrées alimentaires végétales et à une eau potable propre" (initiative sur l'alimentation) a été déposée le 16 août 2024.

Le texte demande notamment d'encourager la production et la consommation de denrées alimentaires végétales plutôt qu'animales. Il veut également augmenter le degré d'autosuffisance de la Suisse, pour le faire passer de 46% à au moins 70%, préserver les ressources en eau souterraine et promouvoir une agriculture et un secteur agroalimentaire durables.

Forte intervention de l'Etat

Ces exigences doivent être atteintes dans un délai de dix ans. Un délai qui n'est pas réaliste, estime le Conseil fédéral dans un communiqué publié mercredi.

Pour augmenter le taux d'autosuffisance comme exigé par l'initiative tout en respectant les objectifs environnementaux de l'agriculture, il faudrait réduire considérablement la consommation de viande et fortement augmenter la production végétale destinée à l'alimentation humaine. C'est "impossible sans intervention substantielle de l'Etat dans la production et la consommation", écrit le gouvernement.

Le délai fixé dans l'initiative empêcherait en outre l'agriculture et les secteurs qui lui sont liés d'amortir complètement leurs infrastructures existantes. La Confédération devrait alors mettre en place d'importantes aides financières pour garantir un développement socialement acceptable du secteur.

Dans ce contexte, le Conseil fédéral demande au Parlement de rejeter l'initiative sans lui opposer de contre-projet. Il prévoit malgré tout de reprendre "des revendications fondamentales" de l'initiative dans ses travaux sur la politique agricole à partir de 2030 (PA30+). Un sujet sur lequel il se penchera l'année prochaine.

Un changement "urgent"

Pour Pro Natura, "continuer comme avant n'est pas une option". Il faut adapter la politique agricole, affirme l'organisation de défense de l'environnement dans un communiqué, en dénonçant les "contradictions et les mauvaises incitations financières" du système actuel.

A ses yeux, tant l'initiative sur l'alimentation que la PA30+ sont "une chance pour le changement de politique agricole qui s'impose d'urgence".

ATS
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