Primes: "Prudence quand on choisit son modèle d'assurance"

Quels modèles d'assurance maladie choisir pour son porte-monnaie? Interview de Simon Zurich, vice-président de l'Organisation suisse des patients.

Pour Simon Zurich, vérifier chaque année les modèles d'assurance est le meilleur moyen d'économiser. © Keystone

Radio Fribourg: Simon Zurich, vous êtes vice-président de l'Organisation suisse des patients. Pour un certain nombre d'assurés, ça va être la valse: comme chaque année, ils choisissent de changer de caisse. Est-ce que c'est vraiment la bonne tactique pour faire des économies?

Oui, c'est la bonne tactique de vérifier chaque année s'il y a un modèle d'assurance qui est meilleur marché et qui convient aussi. Nous recommandons vraiment à tout le monde de vérifier ça chaque automne. On peut éviter des dépenses supplémentaires de plusieurs centaines de francs, parce que les primes maladie varient beaucoup d'une année à l'autre. Donc ça vaut toujours la peine de faire cette comparaison.

 L'une de nos auditrices de Cottens nous demande: quelle est la caisse maladie la moins chère pour une franchise de 300 francs?

Ça dépend toujours de la franchise qu'on va prendre. Cette année, on recommande d'être extrêmement prudent parce que dans les caisses les meilleur marché, par exemple un modèle de l'assurance Vivao à la franchise à 300 francs, on ne propose aucun médecin enregistré dans le canton de Fribourg. Ce qui veut dire que si on choisit ce modèle-là, on ne pourra pas aller chez le médecin dans la région. Les assureurs ont mis sur le marché des modèles qui sont en fait purement fictifs et c'est très risqué d'y souscrire, en particulier si on a des soucis de santé.

On savait déjà que Fribourg était un désert médical et là ça s'accentue encore avec cette pratique?

Il y a effectivement moins de médecins à Fribourg que dans d'autres cantons. Mais là, c'est pire parce que les assureurs choisissent délibérément de ne pas travailler avec certains médecins installés dans le canton. Je trouve cela vraiment grave. Donc prudence cette année quand on fait la comparaison entre les modèles. Je vous invite vraiment à vérifier chaque fois si votre médecin généraliste figure dans la liste de ceux retenus par l'assureur. En cas de doute, vous pouvez aussi appeler l'assureur directement pour lui poser la question.

Il y en existe plusieurs de ces modèles. Par exemple, un qui s'appelle médecin de famille, un autre qui privilégie les consultations à distance… Comment être sûr de choisir le bon modèle si on veut être libre de choisir son propre médecin?

Le modèle médecin de famille est à mon avis l'un des meilleurs, parce qu'il demande qu'on aille toujours d'abord chez son médecin généraliste avant d'aller vers les spécialistes. Ça permet d'avoir une personne qui nous connaît bien, qui suit notre historique de santé et qui assure ce rôle de coordination et de personne de référence. C'est un système très pertinent. Maintenant, encore une fois, prudence: certains assureurs vendent des modèles avec un choix de médecins très limité.

Changer de caisse maladie chaque année… On se demande quand même: est-ce qu'il n'y a pas un moyen de changer le système pour gagner en efficacité? Il y a la question notamment de la caisse unique. Un auditeur nous demande si vous avez une petite idée de l'économie qui pourrait être réalisée?

Le potentiel d'économie est encore difficile à évaluer de manière précise. Mais ce qu'on sait, par exemple, c'est qu'aujourd'hui les coûts administratifs des assureurs représentent 1,7 milliard par année en 2024, une augmentation d'environ 200 millions par rapport à l'année précédente. C'est énorme et on a au Parlement de la peine à trouver des majorités pour des mesures qui permettent d'économiser peut-être 100 millions par année. Donc, on voit aujourd'hui qu'on a, si on travaillait vraiment sur la structure des assurances, la possibilité de faire des économies bien plus importantes que ce qu'on n'arrive même pas à avoir en faisant par exemple baisser le prix des médicaments génériques.

Ecouter l'interview complète:

RadioFr. - Mike Mevs / Adaptation web: Mattia Pillonel
...