"Sauvez les Laviaux": les autorités appellent à voter non
Le lac de la Gruyère et ses rives bénéficient d'une protection suffisante, selon le Conseil d'Etat fribourgeois, qui présentait ses arguments mercredi en vue du scrutin du 28 septembre.

Le Conseil d'Etat fribourgeois appelle à rejeter l’initiative constitutionnelle "Pour la sauvegarde du lac de la Gruyère", soumise à votation le 28 septembre. L'exécutif juge le texte "trop restrictif", à l'instar du Grand Conseil et de toutes les communes riveraines.
L'initiative "va à l’encontre de l’objectif du Conseil d’Etat visant à trouver un équilibre entre la protection du paysage du lac de la Gruyère et la possibilité donnée à l’humain de se ressourcer dans des espaces naturels", a indiqué mercredi le président du gouvernement Jean-François Steiert, chargé de l'environnement.
Entièrement rédigé, le texte propose de modifier la Constitution cantonale afin de considérer le lac, ses abords et l’ensemble de ses rives comme un patrimoine naturel cantonal à préserver et à protéger.
D'importance cantonale
Le lac de la Gruyère est reconnu paysage d’importance cantonale (PIC), a rappelé l'exécutif dans son argumentaire. Du coup, la sauvegarde du site est déjà assurée par les législations fédérale et cantonale, qui ont par exemple entraîné l’abandon du projet de vague artificielle Goya Onda, à l’origine de l’initiative.
Le Conseil d’Etat, tout comme la majorité du Grand Conseil, ainsi que les conseils communaux de toutes les communes riveraines du lac de la Gruyère recommandent de refuser une initiative qu’ils jugent donc trop restrictive. En octobre dernier, le législatif cantonal avait repoussé le texte par 79 voix contre 4 et 14 abstentions.
L'initiative "fait effet de doublon", ont noté Jean-François Steiert et Didier Castella. Le Plan directeur cantonal et le Plan directeur régional de la Gruyère assurent déjà la préservation de la biodiversité du lac et de ses rives, tout "en permettant le développement raisonnable des activités touristiques et de loisirs".
Trop rigide
Un oui toucherait tout aménagement aux abords du lac, y compris ceux qui s’avèrent nécessaires. L’article constitutionnel pourrait en effet être invoqué directement par toute association ou tout particulier pour s’opposer à un projet d’aménagement ou de construction.
"Une perspective qui rallongerait considérablement les procédures et rendrait tout aboutissement incertain", a relevé encore le gouvernement. A leurs yeux, une protection supplémentaire inscrite dans la Constitution cantonale menacerait toute nouvelle activité aux abords des rives du lac de la Gruyère.
De quoi remettre en cause les efforts déployés par les autorités locales, régionales et cantonales pour "garantir à la fois la préservation et l’accès à ce patrimoine". Finalement, introduire un article spécifique lié à un site précis, à savoir le lac de Gruyère, dans la Constitution cantonale ferait office d'exception.
Absence de garantie
Cette dernière doit garder son rôle de garante de principes généraux, "sans cas spécifique", ont estimé les ministres. "Si l’objectif de l’initiative est louable, le texte revêt une forme absolue, de sorte que sa mise en oeuvre pourrait mener à de nombreux blocages."
Après le Conseil d'Etat mercredi, le comité de l'initiative "Sauvez les Laviaux", comprenant le député PVL Daniel Savary, présentera ses arguments jeudi. Selon lui, il n’y a aucune "garantie sérieuse" à l'heure actuelle pour éviter de nouveaux projets "hors échelle", comme celui de la vague artificielle désormais abandonnée à Morlon.